En France, moins de 42 % de la population de plus de 60 ans est encore en activité. Ce chiffre national est bien inférieur à la moyenne européenne (plus de 60 %). Les séniors français seraient-ils moins aptes au travail ? Pour la CFE-CGC, le problème est ailleurs : dans l'image que la société véhicule, et dans les actes des entreprises. Nous pensons que l'employabilité et l'insertion des seniors passent par trois axes : la santé des travailleurs, l'évolution de l'emploi et des conditions de travail en fin de carrière.
Préserver la santé des séniors au travail
La santé de tous les salariés est une préoccupation quotidienne pour nos élus qui constatent cette dégradation qui semble inexorable. Pour cela, la CFE-CGC pense qu'il faut :
- intégrer les risques psychosociaux comme facteurs de pénibilité au travail ;
- renforcer le suivi médical des salariés, cadres et agents de maîtrise ;
- incorporer une obligation d'évolution de carrière pour les postes pénibles ;
- faire évoluer les conditions de travail en fin de carrière : télétravail, congés ou RTT, semaine de 4 jours…
Il n'est pas acceptable que les séniors arrivent épuisés à l'âge de la retraite . Et que dire de l'espérance de vie en bonne santé qui s'élève à 67,0 ans pour les femmes et à 65,6 ans pour les hommes ? Lorsque nous mettons ces chiffres en parallèle avec le nouvel âge légal de départ à la retraite, nous craignons que les retraités ne puissent pas profiter pleinement de ce nouveau temps de vie. Le vieillissement de la population est une réalité que les entreprises ont tendance à occulter.
Travailler les compétences et l'attractivité du travail en deuxième partie de carrière
Lorsqu'on a exercé un métier pénible pendant plusieurs années, voire décennie, il est légitime d'aspirer à une activité plus adaptée à son âge et à ses capacités physiques avant de partir à la retraite. À la CFE-CGC, nous pensons que, pour favoriser l'emploi des séniors, il faut :
- encourager l'accès à la formation professionnelle des seniors et plus généralement de tous les salariés après 40 ans
- réaliser un diagnostic professionnel tous les 10 ans
- favoriser la transition professionnelle
- moduler les cotisations chômage et retraite pour inciter les entreprises à garder les salariés en poste jusqu'à la retraite
- mieux prendre en compte les séniors dans les NAO
- mettre en place dans le service public de l'emploi des prestations spécialisées pour les séniors.
- Développer le mécénat de compétences.
Afin de donner de la souplesse à une fin de carrière, la CFE-CGC propose de favoriser l'activité partielle dès 60 ans. Face aux entreprises récalcitrantes, nos élus sont prêts à les contraindre afin qu'elles mettent effectivement en place une activité partielle en vue d'une retraite progressive. Nous demandons au gouvernement de prévoir des pénalités pour les entreprises qui ne prendraient pas en considération ces problématiques. Le chômage longue durée n'est pas un passage obligé pour les séniors en fin de carrière qui attendent le départ à la retraite.
Dans la restauration collective, les séniors souffrent
Dans les entreprises de la restauration collective, nous faisons plusieurs constats :
- Comme partout en France, les séniors sont les premières victimes de licenciements économiques. Nous perdons ainsi des travailleurs compétents, formés et la plupart du temps investis depuis des années dans leur entreprise.
- Quand ils se retrouvent sur le marché de l'emploi, ces chômeurs séniors s'entendent dire qu'ils vont coûter plus cher à l'entreprise. Pourtant, c'est bien souvent le contraire : ces hommes et ces femmes connaissent leur métier, ils n'ont pas besoin d'être formés pendant des mois. Ils connaissent également le monde du travail, ses codes et ses usages.
- Quant à ceux qui restent dans nos entreprises, ils sont souvent épuisés par la charge de travail qui n'est pas adaptée à leur condition physique. N'est-il pas évident que nous n'avons pas les mêmes capacités physiques en fin de carrière qu'en début ?
Les élus CFE-CGC de la restauration collective tirent donc la sonnette d'alarme : l'emploi des séniors est menacé ou fragilisé. Et il est inacceptable que toute une catégorie de salariés, cadres et agents de maîtrise soit ignorée par nos directions respectives.
Emploi des séniors : l'erreur de la réduction des indemnités chômage
En mars dernier, le gouvernement a révélé le montant de la dette nationale. Parmi les mesures pressenties pour pallier ce déficit, la réduction du montant des indemnités chômage des seniors et de leur durée. À moins que ce ne soit les deux, le ministre de l'Économie tergiverse encore. Évidemment, ce genre d'annonce fait bondir les élus CFE-CGC partout en France. Car nous ne comprenons pas la logique de cette mesure. En France, en effet, plus de la moitié des plus de 60 ans sont sans emploi. Serait-ce de leur faute ? Il nous semble au contraire urgent de trouver des moyens de contraindre les entreprises afin qu'elles maintiennent les seniors à leurs postes quand cela est possible. Et quand cela ne l'est pas, de les accompagner vers des reconversions professionnelles adaptées. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez lire les propositions nationales de la CFE-CGC ici.
Vous êtes séniors dans votre entreprise et vous ne parvenez pas à vous faire entendre ? Ne restez pas seuls ! Contactez vos élus CFE-CGC afin qu'ils vous soutiennent et vous accompagnent dans vos démarches.